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où je venais lui tenir compagnie. J’étais comme un pâle sourire dans cette maison, triste mortellement. Aussi, le cœur de cette maison battait en moi et je fus la première à m’apercevoir du malheur qui la menaçait.

J’avais deviné Pernola…

Le pavillon où nous sommes était alors habité par M. le marquis dont l’état mental semblait plus satisfaisant ; Roland avait son appartement à l’hôtel, auprès de sa mère.

Je m’ouvris le même jour à M. et Mme de Sampierre, au sujet des craintes qui venaient de naître en moi. Le marquis fut très-frappé ; il parla, quoique je lui eusse recommandé le secret, et, quelques heures après, on l’emmenait loin d’ici, sous prétexte de crise.

Quant à la marquise Domenica, elle pleura abondamment en m’écoutant, puis elle donna fêtes sur fêtes pour distraire le malade, qui allait pâlissant et maigrissant.

Une fois, Roland me dit que son valet de chambre avait une boîte pleine de pièces d’or, cachée sur le haut d’une armoire. Je fis chasser le valet, et ma bonne Savta, qui adorait son jeune maître, le servit.

Il alla mieux dès que Savta eut remplacé le valet.

Et je crus bien qu’il était sauvé, car un grand médecin nous arriva de Sicile, le docteur Leoffanti, qui avait traité et guéri le roi de Naples. Le docteur Leoffanti éloigna Savta, mit auprès de Roland le Palermitain Lorenzin qui était un de ses aides et ordonna que Roland fût transféré au pavillon où il aurait meilleur air et moins de bruit.

M. de Sampierre n’était plus là ; Mme la marquise avait une aveugle confiance dans les prescriptions du