Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/226

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portrait, et dans le portrait le scalpel étincelant que son image tenait à la main.

Et il dit avec une étrange complaisance :

— C’est le même — avant et après ! Il était alors tout neuf et n’avait point servi.

Charlotte frissonna jusqu’au plus profond de ses veines. Édouard détourna les yeux avec un dégoût plein de compassion.

M. de Sampierre se rapprocha d’eux en jouant avec le scalpel dont il éprouvait la pointe du bout du doigt.

— Il y a peu de praticiens, dit-il vaniteusement, qui soient assez riches pour se procurer des instruments pareils. La trousse est simple et sans ornement, mais elle m’a coûté cher : très-cher ; chaque pièce en est montée avec le même soin que si l’acier avait la valeur du diamant. C’est un véritable écrin, et quand Charrière me la livra en 1847, il me dit : « Monsieur le marquis, on ne produit un tel chef-d’œuvre qu’une fois en sa vie… » Princesse, vous m’avez signalé les dangers qui m’entourent. Notez bien que je n’ai pas plus confiance en mon cousin Giambattista qu’en vous ou en personne autre. Ce qui fait ma force, c’est la connaissance que j’ai de la perversité des hommes, en général. Je crois deviner que vous avez un moyen de me sauver : Je devine tout, et cela sans effort : c’est un don naturel.

— Il y a un moyen, c’est vrai, répondit Mlle d’Aleix, heureuse d’être ainsi interrogée.

— Voulez-vous me le dire ?