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de la table où Mlle Félicité venait de déposer un plateau chargé de rafraîchissements. Mœris et Moffray buvaient, mais ils ne fumaient pas.

Mylord ne buvait ni ne fumait.

Mme Marion, toujours gracieuse et charmante, jouait de l’éventail dans sa bergère.

C’était le Poussah qui avait la parole. Il disait :

— Moi, d’aller par quatre chemins, ce n’est pas mon habitude. L’hôtel et le terrain m’ont donné dans l’œil. Dès le temps de Louis-Philippe, je venais regarder ça et je me disais : Voilà une propriété qui me chausserait. Ce n’est pas que le quartier soit avantageux : parbleu, les 1er et 2e arrondissements tombent sous le sens pour valoir plus cher le mètre, mais tout dépend des goûts ; moi, je me déplais sur le boulevard des Italiens. Je ne dis pas que je ne demanderai pas quelque petite chose avec, mais ce que je veux d’abord, c’est le terrain et l’hôtel. J’ai fait les plans pour la spéculation. Pas besoin d’architecte. Trois rues percées en équerre, ça me donne huit encoignures en plus des deux sur la rue de Babylone, et au moins trois cents mètres de façade, sans compter le lopin que je me garde pour mon habitation bourgeoise. Je comble le saut de loup, la cité Donon devient un endroit comme il faut, et après ça…

— Pardon, interrompit Moffray, est-ce pour écouter cette chanson que vous nous avez convoqués, belle dame ?

— Du diable si papa Preux ne se moque pas de nous ! s’écria Mœris. Si on fait un pareil cadeau à ce bon-