Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ces deux gentilshommes sur le bout du doigt. Le vicomte a mangé tant de sauvages qu’il n’a plus de dents, et la mauvaise tête de Moffray vaut juste sa signature… La paix, mignons ! Ne vous fâchez pas ! Le petit Anglais vous mettrait tous les deux dans sa poche. Sur celui-là j’ai des renseignements flatteurs… Il est arrivé un chagrin à maître Jos. Sharp, jeune homme.

— Lequel ? demanda Mylord.

— Il a quitté Londres et les affaires : je suppose qu’il a été pendu.

Moffray et Mœris éclatèrent de rire. Mylord dit :

— Nous sommes tous mortels. Est-ce que nous n’allons pas parler sérieusement, madame ?

Papa Preux, qui était en train d’emplir sa chope, répondit au lieu et place de la châtelaine :

— Patience. Je ne suis pas portatif et vous pouvez être tranquilles : quand je me dérange de mon petit train-train, ce n’est pas pour éplucher des noix. Nous sommes ici une manière de conseil d’administration, réuni pour discuter une magnifique affaire. Je trouve le conseil d’administration mal composé, et je le dis : il y manque les principaux intéressés. Je connais notre aimable présidente mieux que vous et depuis plus longtemps. Elle a tous les talents, excepté celui de former une commandite. Toutes les dames sont ainsi : elles cherchent des serviteurs plutôt que des associés. Pourquoi ? parce que l’idée du partage les taquine… Tant que vous avez agi seule, Laura, mon trésor, ajouta-t-il en donnant un accent de plus en plus sérieux à sa parole, vous avez fait merveilles. L’heure est venue où il