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d’entrée dont le plan formait un angle imperceptible avec celui de la muraille.

C’était cette même porte dont le Poussah avait exigé la fermeture au début de la séance, lors de l’entrée en scène de Chanut-Baptiste, introduit à l’office par Cervoyer.

On avait obéi : chacun avait pu entendre le pêne entrer dans sa gâche. Et pourtant, la porte était maintenant entr’ouverte : chacun aussi pouvait le voir.

Toujours parlant, papa Preux la désigna du doigt.

Et son autre doigt, qui pesait sur son nez, disait en même temps que ses yeux roulants : « Que personne ne bouge ! »

Personne ne bougeait, — à l’exception de Mylord qui gagna la muraille à pas de chat, tenant à la main ce bon couteau anglais qu’Édouard Blunt avait vu briller la veille au soir au bord du saut de loup de Sampierre.

Papa Preux, pendant cela, parlait toujours, pour ne pas donner l’éveil à l’écouteur posté derrière le battant de la porte entr’ouverte.

C’était facile. L’écouteur, homme prudent, avait laissé l’ouverture extrêmement étroite, et comme les hôtes de Mme Marion, réunis en un seul groupe, se trouvaient tous du même côté, à contre-sens de l’ouverture, l’écouteur, s’il pouvait entendre, ne pouvait assurément rien voir.

Tout le monde, maintenant, était au fait du jeu et s’y prêtait. On donnait la réplique au papa Preux en affectant le calme le plus complet.