Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/335

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quand Joseph Chaix, longtemps après, lui demanda la main d’Éliane, elle répondit :

— Garçon, tu es bien brave d’épouser le malheur et la mort !

Plus tard encore, quand elle vint réfugier sa misère au Trou-Donon, elle pensa :

— La Paléologue ne me reconnaîtra pas après tant d’années. D’ailleurs, cela ne durera pas longtemps : quand le chien perdu revient à la porte de la maison, c’est pour mourir…

Enfin, la veille même du jour où nous sommes, elle avait dit à Éliane :

— Ton frère Yanuz est à Paris.

Et la pauvre petite malade avait frémi sur son lit de mort.

Mylord ne parut ni étonné ni même ému en entrant dans cette chambre d’agonie, où personne ne remarqua d’abord sa présence, tant chacun écoutait, profondément absorbé par la religieuse angoisse du moment.

Mylord se découvrit, chercha de l’œil une chaise et, n’en voyant point à sa portée, il étendit son mouchoir à terre pour ne point marquer son pantalon noir en s’agenouillant.

Il attendit ainsi, dans une pose excellente de décence et de correction, que le pope eût achevé son office. En se retirant, celui-ci le salua, tout édifié de sa tenue.

Joseph Chaix était penché au chevet de sa femme.

L’aveugle dit :

— Il y a un étranger ici.