Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/443

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Vous pouvez en jurer, Giammaria ! interrompit la marquise dont les larmes jaillirent ; mais n’arrêtez plus l’épreuve et laissez agir nos seigneurs les juges.

Le regard d’Édouard alla vers elle et il eut un bon sourire.

Le marquis cependant n’obéit pas. Il poursuivit.

— La cicatrice de l’autre jeune homme est absurde : elle blasphème la science. La blessure de celui-ci, au contraire, (il montrait du doigt Mylord) ou du moins les traces de sa blessure laissent quelques doutes, au point de vue anatomique. En outre, il m’a avoué qu’il me hait : c’est naturel. Enfin, il a poignardé Giambattista…

La marquise poussa un cri et s’éloigna de Mylord. Il y eut un silence :

M. de Sampierre reprit en manière d’explication toute simple :

— Puisqu’il vient d’Amérique…

Il ajouta :

— J’ai peur de lui, j’aurais aimé l’autre. Il y a eu, cette nuit, bien des morts. Faites pour le mieux : j’appellerai mon fils celui que choisira Mme la marquise : c’est décidé.

— Domenico de Sampierre ou prétendu tel, dit le patriarche Ghika en s’adressant à Édouard, vous vous êtes présenté le premier, exposez le premier, vos moyens : le conseil vous écoute.

Édouard hésita. Charlotte lui dit à l’oreille :

— N’abandonnez pas votre père et votre mère !