Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/423

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autour de lui comme s’il eût craint de voir un guet-apens surgir quelque part dans l’atelier même.

La face blanche et noire du parricide éclairée par un reflet de soleil semblait en ce moment sortir du tableau.

Vincent recula. Sa main se plongea sous le revers de son vêtement et il bondit sur l’assassin en poussant un rugissement sauvage.

La toile rendit un son sec.

— À toi, comte Julian ! à toi, parricide !

Le couteau de Vincent avait percé la poitrine de l’assassin à la place du cœur.

Il tomba sur ses genoux, disant :

— Est-ce donc vrai que je suis fou !

Le couteau restait dans la toile. Vincent l’en retira lentement et l’y retourna malgré lui avec une homicide volupté.

— Non, non, fit-il, je ne suis pas fou. La chair n’est pas plus dure à percer que le chanvre. Il faut vivre. Ma vie c’est sa mort.

Tout près de lui, au mur de l’atelier, pendait une paisible panoplie ; le costume complet du paysagiste en campagne, avec le parapluie-pliant-canne et le sac-omnibus qu’on porte si joyeusement sur le dos quand on est jeune, plein de santé, plein d’espoir et qu’on marche à la conquête de la nature.

Vous les avez enviés bien souvent, ces libres enfants de l’art, sans souci et sans gêne, qui ne crai-