Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/67

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connue : des craintes et des espoirs, vagues les uns comme les autres, mais qui envahissaient de plus en plus son esprit.

Sa lèvre effleura le front de l’enfant et laissa tomber ces deux mots, énigmatiques comme sa pensée :

— Qui sait ? sa mère a peut-être payé toute la dette de malheur…

Vincent passa le seuil de la seconde chambre, qui était la sienne.

Ses sourcils se froncèrent quand son regard tomba sur les vêtements d’ouvrier, tout blancs de plâtre, pendus à la muraille auprès du pauvre lit.

— Pour elle, dit-il encore, j’ai travaillé de mes mains. L’aurais-je fait pour moi-même ?

Il jeta son paletot sur le dos d’une chaise avec une sorte de colère.

— Je suis las ! pensa-t-il tout haut. Est-ce la peine de vivre pour manger du pain amer ? Mes camarades ont défiance de moi parce qu’ils devinent bien que je ne suis pas un des leurs. Les riches me dédaignent, les pauvres ne veulent pas de moi. Je suis seul jusqu’au désespoir.

Son regard se tourna par hasard vers le fond de la chambre, où un étroit escalier de quatre marches conduisait à une petite porte en sapin, mal jointe.

Sous la porte, la ligne du seuil était faiblement lumineuse.