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LES CONTES DE NOS PÈRES.

Puis Bertrand se sentit prendre à bras-le-corps, et une bouche s’appuya passionnément contre son front.

Le feutre de l’étranger tomba et laissa voir les traits de Roger, brûlés par le soleil des côtes africaines. Bertrand poussa un cri de joie.

— De par Dieu ! murmura le jeune M. de Kercornbrec, il paraîtrait qu’il n’est pas mort !… Il a gagné une épaulette, voilà tout.

— J’ai voulu voir votre bonheur, dit Roger ; demain, je repars pour l’armée.

— Quoi ! sitôt ? demanda Reine.

— Madame ma sœur, répondit le jeune homme en baissant les yeux et avec un léger trouble dans la voix, — il faut la gloire pour effacer la honte.

— Dieu est bon ! murmurait Bertrand, plongé dans une sorte d’extase. — Reine, Roger… tout ce que j’aime !…

Sa voix fut couverte par le nez de M. de Châteautruhel, qui proposait de boire au retour du cadet de Saint-Maugon, ce à quoi obtempérèrent, avec satisfaction, MM. de Kercornbrec et de Trégaz, ainsi que les gens de Vitré, de Saint-Brieuc, de Vannes et de Saint-Malo.