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LE MÉDECIN BLEU.

et l’absence complète d’arbres éloignait toute idée d’un campement en plein air.

— C’est le Trou-aux-Biches, dit Sainte, en donnant à ce lieu le nom sous lequel il était désigné dans le pays.

— C’est plutôt le Trou-aux-Chouans, répondit le bedeau. Du moins, à l’heure qu’il est vous y trouverez plus de Chouans que de biches.

Sainte jeta un nouveau regard aux alentours. Elle ne vit rien encore.

Jean Brand écarta alors avec précaution les branches épineuses d’un gigantesque ajonc.

— Passez, dit-il.

Sainte obéit. Aidée par le Chouan, qui, avec une adresse singulière, la préserva de toute piqûre, elle franchit le premier obstacle, et se trouva dans un nouveau sentier, tortueux, étroit, et le long duquel on ne pouvait marcher qu’en se courbant, parce que les ajoncs se rejoignaient à quatre pieds du sol, et formaient une manière de berceau impénétrable à l’œil. On serait passé vingt fois devant la touffe d’ajoncs qui masquait ce sentier sans soupçonner son existence, et ce n’était là cependant, pour ainsi dire, que le premier anneau de la chaîne de précautions dont s’entouraient les insurgés royalistes.

Jean Brand prit la main de Sainte, et lui fit descendre la pente douce de l’amphithéâtre.

Ils arrivèrent ainsi au pied du dolmen dont la tête grise s’élevait à plusieurs toises de terre. Jean Brand en fit le tour et toucha par trois fois, avec la crosse ferrée de son fusil, une pierre plate et carrée qui semblait scellée dans le sol. Au troisième coup, la pierre, tournant sur une charnière