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LES CONTES DE NOS PÈRES.

Legoff, qui était couché sur un lit de camp dans un coin de la chambre, sauta sur ses pieds, et remit silencieusement sa veste qu’il avait ôtée pour dormir.

Malgré sa préoccupation, M. de Thélouars remarqua ce mouvement.

— Que fais-tu, Janet ? dit-il.

— Va bien falloir envoyer quelqu’un pour savoir, répondit Janet le plus simplement du monde.

— C’est un homme qu’il faut pour cela mon enfant.

— Je ne dis pas non. Envoyez un homme, notre monsieur. L’homme cherchera, moi je trouverai… si c’est un effet de votre bonté de le permettre.

M. de Thélouars aimait beaucoup Janet Legoff, et le connaissait pour un jeune garçon intrépide et intelligent. Il lui permit de seller un cheval et de partir : mais, médiocrement rassuré par cette mesure, il envoya ses gens dans différentes directions, à son château, à Cournon, à Rieux et jusqu’à Redon, avec ordre de s’informer, et de revenir à franc étrier à K…

Pendant ce temps, comme nous l’avons vu, le château de Graives, auquel M. de Thélouars ne songeait nullement, et qui renfermait pourtant la pauvre Henriette, avait été investi par deux détachements républicains.

Le premier, celui qui avait été signalé par M. de Silz et qui venait de Vannes, était commandé par le capitaine Jolly ; l’autre, venant de Redon, avait pour chef le citoyen lieutenant Morest.

Chacun de ces détachements était accompagné d’un de ces personnages problématiques, moitié soldats, moitié agents de police, qui se nommaient représentants du peuple lorsqu’ils suivaient une armée ou une flotte, et qui, dans un