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LE VAL-AUX-FÉES.

geurs comme pesait le plomb maudit des cachots de Venise sur la tête des captifs de Saint-Marc.

Or, c’était par une matinée d’août de l’année 183…, et vers l’heure de midi, que je cheminais, le front bas et les pieds meurtris, sur la route de Pontréan à Guichen.

Après deux heures de marche, j’entendis derrière moi le bruit sourd d’un sabot de cheval frappant, à l’amble, la poudre épaisse de la route. C’était un Guichenais qui revenait de Rennes sur un bidet phthisique. Le bidet soufflait déplorablement, mais le rustre chantait et narguait le soleil sous son vaste chapeau de paille.

— Combien y a-t-il encore d’ici Guichen ? lui demandai-je au moment où il passait devant moi.

— Toujours tout droit… faut pas mentir ! me répondit-il en soulevant son grand chapeau.

La réponse ne me parut point parfaitement catégorique, et je repris :