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II

QUATRE MENDIANTS.

Joson fit trêve à ces derniers mots ; il avait fini ce que je pourrais appeler le prologue de son récit, et, à part quelques divagations dont je me dois avouer coupable, à part quelques termes ambitieux que j’ai mis, par méchante gloriole, à la place des bonnes et simples paroles du Guichenais, il faut que le lecteur croie bien que je n’ai rien ajouté à son histoire.

— Notre monsieur, me dit-il à cet endroit, — faut dire la vérité.

— Je ne m’y oppose point, répondis-je.

— Respect de vous, j’ai le gosier sec comme si j’aurais chanté au pupitre pendant trois heures de vêprées.

Ma gourde était vide. Je fis le geste de la renverser.

— Dommage ! prononça Joson avec onction ; — tout de même, il y a une auberge au revers de la côte, et, si c’est un effet, nous allons y aller. Vous me ferez l’honnêteté d’un verre de cidre ou deux.