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Page:Féval - Madame Gil Blas (volumes 10 à 14) - 1856-57.djvu/10

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LIVRE VIII.


I

De Suzanne à la harpe et de ses qualités.

À l’époque où je reprends le fil de mon récit, je suis, selon mon estime, dans ma vingt-et-unième année. Si j’en crois un portrait que fit faire mon Gustave au printemps de 1841, j’avais l’air beaucoup plus jeune que mon âge. J’étais alors remarquablement belle.

C’est à Naples que fut fait ce portait. Il me rappelle les heures les plus fortunées de ma vie. Le bonheur embellit et rajeunit, c’est certain. Dans ce portrait, je me vois éblouissante.

Ce fut au mois de février 1841 que je quittai mon petit logement de la prison Saint-Lazare. Je n’eus point la consolation de voir ma pauvre Eugénie avant de partir. On la tenait toujours rigoureusement au secret, comme si elle eût été une criminelle d’État.