Page:Féval - Madame Gil Blas (volumes 15 à 19) - 1856-57.djvu/431

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
105
PAR PAUL FÉVAL.

seulement la lente ruine de la souffrance que je distinguais sur ses traits, c’était un mal actuel, présent et dont l’action profonde me semblait attaquer sa vie même.

Son œil était inquiet, sa respiration prompte et irrégulière. Je voyais sa tempe battre sous ses cheveux gris.

Elle avait les lèvres sèches et d’un rouge violâtre, saupoudré de blanc. Son nez aminci sous-tendait deux rides qui avaient l’air de comprimer les narines et qui pesaient sur les coins de sa bouche.

— Qu’as-tu à me regarder ? me demanda-t-elle brusquement.

Puis, avant que je n’eusse le temps de répondre :

— N’aies pas d'inquiétude, fillette, — j’ai été changée plus que cela !… Quand j’ai vu que ce généreux Maxime s’occupait de moi, j’ai retrouvé la moitié de mon cœur !

— Ah !… fis-je ; — vous croyez donc que c’est le prince Maxime ?…

Elle releva sur moi ses regards stupéfaits.

— Comment ! s’écria-t-elle, — je crois !… Qui donc aurait songé à la pauvre condamnée ?… mais, fillette, tu as l’air de ne pas savoir tout cela ?…

Elle s’était mise sur son séant. L’agitation faisait trembler tous ses membres.

— J’ai soif, dit-elle en allongeant le bras