Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/131

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cours de l’année, pour se procurer une provision suffisante de whisky pendant les fêtes de Noël.

Tout ce que je sais de l’effet de ces vacances sur les esclaves, me fait croire qu’elles sont au nombre des moyens les plus efficaces qui soient au pouvoir des propriétaires, pour réprimer tout esprit d’insurrection. Si ces derniers supprimaient tout d’un coup cet usage, il en résulterait (je n’en ai aucun doute) une rébellion immédiate parmi les esclaves. Ces vacances servent de conducteurs ou de soupapes, pour laisser échapper l’esprit de rébellion de l’humanité souffrante et enchaînée. Si elles n’existaient pas, l’esclave serait réduit au désespoir le plus violent ; malheur au propriétaire, le jour qu’il essaiera d’empêcher ou de supprimer l’action de ces conducteurs ! Je l’avertis qu’en pareil cas il éclatera au milieu d’eux, un esprit qui sera plus à craindre que le tremblement de terre le plus épouvantable.

Ces vacances sont une partie de la fraude, de l’injustice et de l’inhumanité grossières que l’esclavage renferme. C’est, dit-on, une coutume établie par la bienveillance des propriétaires, mais je n’hésite pas à déclarer que c’est tout simplement le résultat de l’égoïsme et une des ruses les plus funestes mises en pratique, au détriment des esclaves opprimés.