Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/154

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péta Henri, d’un ton encore plus déterminé. Là-dessus, deux des constables tirèrent de leurs poches chacun un pistolet et jurèrent, par le Créateur, qu’ils le forceraient de croiser ses mains, ou qu’ils le tueraient. Tous les deux bandèrent leurs pistolets et s’approchèrent de Henri, les doigts sur la détente, en lui disant en même temps que s’il ne voulait pas leur obéir à l’instant, ils allaient lui brûler la cervelle. « Tuez-moi, tuez-moi, dit Henri ; vous ne pouvez me tuer qu’une fois. Tirez donc, tirez donc, et soyez damnés ! Je ne veux pas être lié ! » Il n’eut pas plutôt prononcé ces mots-là d’une voix forte et d’un ton de défi, que faisant un mouvement aussi prompt que l’éclair, il arracha en même temps et d’un seul coup les pistolets des mains des constables. Là-dessus ils se précipitèrent sur lui tous à la fois ; après avoir battu pendant quelque temps ce malheureux, qui succomba accablé par le nombre, ils parvinrent enfin à l’attacher.

Pendant cette lutte, je réussis, je ne sais comment, à tirer mon passe-port de ma poche et à le jeter au feu sans être découvert. Nous étions alors tous chargés de liens, et comme nous allions partir pour la prison d’Easton, Élisabeth Freeland, mère de Guillaume Freeland, vint à la porte, les mains