Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/190

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position semblable à celle de la partie de la population du sud qui ne possédait pas d’esclaves. Je savais que ceux-ci étaient fort pauvres, et j’avais été accoutumé à regarder leur pauvreté comme le résultat de ce qu’ils ne possédaient pas d’esclaves. J’avais, je ne sais trop comment, adopté l’opinion que là où il n’y avait point d’esclaves, il ne pouvait y avoir ni richesses ni abondance des agréments de la vie. Je m’étais attendu à trouver au nord une population grossière, rude et presque sauvage, qui vivait avec la simplicité des Spartiates, et qui ne possédait rien du bien-être, du luxe, de la pompe et de la grandeur des propriétaires du sud ; or quiconque connaît l’aspect général de la ville de New-Bedford, peut bien s’imaginer, en sachant quelles étaient mes conjectures, combien il me fut aisé de découvrir que j’étais dans l’erreur.

Dans l’après midi du jour de mon arrivée à New-Bedford, j’allai sur les quais pour voir les navires. Je m’y trouvai entouré des marques les plus incontestables de l’opulence des habitants. J’aperçus de nombreux navires du plus beau modèle dans le meilleur ordre et d’une grandeur considérable, soit à l’ancre le long des quais, soit à la voile sur les eaux du fleuve. Des deux côtés, mes yeux s’arrêtèrent sur de vastes magasins bâtis en granit et