Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

procure le nom glorieux de bon maître à celui qui l’accorde. Je ne me souviens pas d’avoir jamais vu ma mère à la clarté du jour. Quand elle était avec moi, c’était la nuit. Alors elle se couchait auprès de moi et m’endormait ; mais bien longtemps avant que je m’éveillasse, elle était partie. La mort mit bientôt un terme à ces rares entrevues que nous pouvions avoir pendant sa vie, et avec son existence finirent ses travaux et ses souffrances. J’avais à peu près sept ans, lorsqu’elle mourut dans une des fermes de mon maître, près du moulin de Lee. On ne me permit pas de la voir durant sa maladie, ni d’assister à sa mort et à son enterrement. Elle avait cessé de vivre bien longtemps avant que j’en susse rien. Je n’avais guère joui de sa présence consolante, je n’avais guère été l’objet de ses soins tendres et vigilants ; aussi reçus-je la nouvelle de sa mort à peu près avec la même émotion que j’aurais probablement sentie en apprenant la mort d’une inconnue.

Ainsi enlevée par une mort subite, elle me quitta sans m’avoir fait la moindre révélation au sujet de celui qui était mon père. Il se peut que mon maître fût mon père, d’après le bruit qui en courait ; il se peut également que ce bruit fût sans fondement, mais il n’importe pas qu’il soit vrai ou faux à mon