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Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/44

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Presque toutes les espèces de fruits y abondaient, depuis la pomme ferme du nord jusqu’à l’orange délicate du sud. Ce jardin n’était pas la moindre source de maux dans la plantation. Les fruits excellents offraient à la multitude de garçons affamés, aussi bien qu’aux esclaves plus âgés qui appartenaient au colonel, une tentation à laquelle peu d’entre eux avaient assez de vertu pour résister. Il ne se passait guère un jour pendant l’été sans que quelque esclave ne fût fouetté pour avoir volé du fruit. Le colonel avait recours à toutes sortes de stratagèmes pour empêcher ses esclaves de pénétrer dans le jardin. Le dernier qu’il imagina et celui qui réussit le mieux, fut de goudronner la palissade tout autour. Ensuite si l’on découvrait un esclave dont les habits étaient tachés de goudron, on regardait cela comme une preuve suffisante ou qu’il avait été dans le jardin, ou qu’il avait essayé de le faire. En tous cas, le principal jardinier le fouettait sévèrement. Ce plan réussit fort bien, les esclaves craignaient le goudron autant que le fouet. Ils semblaient avoir acquis la conviction complète qu’il est impossible de toucher le goudron sans se souiller.

Le colonel possédait un équipage magnifique. Son écurie et sa remise avaient l’air de quelques-