Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

conséquences qui pourraient résulter de l’instruction qu’elle voulait me donner, ne pouvait manquer de m’assurer qu’il était profondément convaincu des vérités qu’il avait énoncées. C’était la meilleure manière possible de me persuader que je pouvais compter avec la plus grande confiance sur les résultats qui proviendraient inévitablement de l’imprudence de m’enseigner à lire. Ce qu’il craignait le plus, je le désirais le plus. Ce qu’il aimait le plus, je le haïssais le plus. Ce qui était pour lui un grand mal, qu’il fallait éviter avec soin, était pour moi un grand bien, qu’il était à propos de chercher avec diligence. L’argument dont il s’était servi avec tant de chaleur, pour qu’on ne m’enseignât pas à lire, ne m’inspirait que plus fortement le désir et la résolution d’apprendre. Si je suis parvenu à mon but, je dois mon succès presque autant à l’opposition hostile de mon maître, qu’à l’assistance aimable de ma maîtresse. Je dois donc à l’un et à l’autre des remerciements.

Je n’étais que depuis très-peu de temps à Baltimore, et j’avais déjà observé une différence remarquable dans le traitement des esclaves, comparé à celui dont j’avais été témoin à la campagne. Le fait est qu’un esclave à la ville est presque libre, comparé à un esclave dans une plantation. On