Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/93

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ment — elle expire ! et il n’y a près d’elle ni un seul enfant ni un seul petit-enfant, pour essuyer de son front ridé la sueur froide de la mort, et pour déposer dans la terre ses restes mortels. Dieu bon et juste ne punira-t-il pas les auteurs de pareilles cruautés ?

À peu près deux ans après la mort de Mme Lucrèce, M. Thomas se remaria. Sa seconde femme se nommait Rouène Hamilton. C’était la fille aînée de M. Guillaume Hamilton. Mon maître demeurait alors à Saint-Michel. Peu de temps après son mariage, lui et M. Hughes se brouillèrent ; et pour punir son frère, il me retira de chez ce dernier pour demeurer avec lui à Saint-Michel. Dans cette occasion, j’eus encore à souffrir une séparation fort pénible. Elle ne fut pas pourtant aussi douloureuse que celle que j’avais crainte au partage de la propriété ; car, dans l’intervalle, il s’était opéré un grand changement dans M. Hughes et dans sa femme, autrefois aimable et affectionnée. L’influence de l’eau-de-vie sur lui, et de l’esclavage sur elle, avait produit un changement funeste dans le caractère de l’un et de l’autre ; de sorte que, en ce qui les regardait, je n’avais que peu à perdre par mon éloignement. Mais ce n’était pas à eux que je m’étais attaché. Je sentais la plus vive affection pour les petits