Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/99

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capitaine Auld, » et nous n’étions même guère disposés à lui donner ce titre. Je ne doute pas que notre conduite n’ait beaucoup contribué à le faire paraître gauche et par conséquent à le mettre de mauvaise humeur. Notre manque de considération pour lui a dû souvent bien l’embarrasser. Il voulait que nous l’appelassions « notre maître, » mais il manquait de la fermeté nécessaire pour nous y contraindre. Sa femme insistait pour nous y contraindre, mais en vain. Au mois d’août 1832, mon maître assista à une réunion de méthodistes en forme de camp, qui fut tenue sur le rivage de la baie, dans le comté de Talbot, et y reçut de fortes impressions religieuses. Je me flattais de la faible espérance que sa conversion l’engagerait à émanciper ses esclaves, ou du moins contribuerait à le rendre meilleur et plus humain qu’autrefois. Je fus trompé sous l’un et l’autre rapport. Cette conversion ne le porta ni à être plus humain envers ses esclaves, ni à les émanciper. Si la religion produisit aucun effet sur son caractère, ce fut pour le rendre plus cruel et plus détestable ; car je le trouvais bien pire après sa conversion qu’auparavant. Avant sa conversion, il s’appuyait sur sa propre dépravation pour lui servir en quelque sorte de bouclier dans sa barbarie sauvage ; mais après cet événement, il