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Il avoit une extreſme tendresse pour nous, et pour tous ceux quʼil croyoit estre à Dieu ; mais cette affection nʼalloit pas jusqu’à l’attachement, et il en donna une preuve bien sensible à la mort de ma sœur qui preceda la sienne de dix mois. Car lors qu’il receut cette nouvelle, il ne me dit autre chose, sinon, Dieu nous fasse la grace d’aussi bien mourir, et il s’est toujours tenu depuis dans une soumission admirable aux ordres de la providence de Dieu, sans faire jamais sur cela d’autre reflexion, que des grandes graces que Dieu avoit faites à ma sœur pendant sa vie, et des circonstances du temps de sa mort. Ce qui luy faisoit dire sans cesse : Bienheureux ceux qui meurent, pourvueu quʼils meurent au Seigneur ; Et lorsquʼil me voyoit dans de continuëlles afflictions pour cette perte que je ressentois si fort, il se faschoit, et me disoit que cela n’estoit pas bien, et qu’il ne falloit pas avoir ces sentimens là pour la mort des justes, et quʼil falloit aucontraire louër Dieu, de ce qu’il l’avoit si tost recompenſée des petits Services qu’elle luy avoit rendus.

C’est ainsy qu’il faisoit voir quʼil n’avoit nul