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[4] Nous nous somme rendu devant le maître-autel, précédé du clergé, et sous le dais porté par le maire et consuls à qui nous avions dit que nous les dispensions de cette cérémonie[1]. On a chanté pendant la marche l’antienne Sacerdos et pontifex. Le sieur prévôt, étant à côté droit de l’autel) 5, a dit l’oraison marquée dans le pontifical. On a aussi chanté l’antienne de la Vierge[2], pendant laquelle nous sommes monté au milieu de l’autel. Nous l’avons baisé, et nous étant rendu du côté de l’épitre, nous avons dit une collecte pour la Vierge et nous avons béni solennellement toute l’assemblée.

[5] Nous avons ensuite fait savoir au peuple le sujet de notre visite. Nous leur avons fait remarquer les biens et les avantages qu’il en pouvait retirer. Nous lui avons souhaité toutes les bénédictions du ciel, pour eux, pour leurs familles, sur leurs biens, sur tout ce qui leur appartenait. Nous les avons conjurés de faire un bon usage des grâces du Seigneur, de se servir utilement du pouvoir et de l’autorité que Dieu nous a confiés pour rompre les liens qui les tiennent attachés à la terre, afin d’éviter la menace que Jésus-Christ faisait à Jérusalem: "Il viendra pour toi des jours malheureux, parce que tu n’as pas connu, tu n’as pas profité du temps que je t’ai visité. [En marge, coupé: ] Nous avons dit [...] deux chanoines [à] nos côtés qui nous [ass]istoient[3].

[6] Nous avons ensuite récité la préparation à la messe, après laquelle le sieur prévôt a publié les indulgences accoutumées[4]. Un des bénéficiers ayant chanté le Confiteor, nous avons donné l’absolution générale qui est à la fin du pontifical. Ensuite nous avons fait les prières pour les morts, dans l’église et au cimetière où nous sommes allé processionnellement[5]. Et étant revenu, nous nous sommes rendu à la chapelle de Saint-Lambert, dans laquelle repose le saint sacrement[6]. Après l’avoir adoré et visité le tabernacle, nous l’avons encensé et donné la bénédiction au peuple avec le saint ciboire[7].

[Visite du saint sacrement]

[7] Il y en a deux dans le tabernacle, un d’argent, l’autre plus gros, de vermeil ciselé, lequel a été donné par M. Barcillon[8]. Ses armes sont gravées au-dessus. On tient ordinairement trois lampes allumées devant l’autel de ladite chapelle. Nous n’en avons trouvé que deux allumées. On nous a dit que la troisième devait être entretenue par la communauté qui avait en main pour ce sujet un fonds de trois cents livres donné par feu M. Godeau et qu’elle ne payait plus depuis environ un an. Nous en avons parlé

  1. Formule de politesse qu’on ne trouve pas dans d’autres visites. Les consuls ont garde d’y déférer, sachant d’ailleurs à quoi le devoir les oblige.
  2. L’église de Vence est dédiée à la Vierge, voir § 11 ci-dessous.
  3. Les premières pages du manuscrit, dont sans doute les bords s’étaient effrangés, t été recoupées avec des ciseaux et collées au reste du manuscrit, ce qui provoque un certain nombre de lacunes.
  4. Les évêques disposent du pouvoir d’accorder jusqu’à quarante jours d’indulgences.
  5. Le cimetière était alors attenant à l’église, dans ce qui est aujourd’hui la place Godeau.
  6. C’est Mgr de Crillon qui avait voulu, en 1706, qu’on enlevât le saint sacrement du maître-autel et qu’on le placât dans cette chapelle latérale, afin de faciliter la distribution de la communion aux fidèles. La messe continuait d’être célébrée au maître-autel. On ne confondra pas la chapelle de Saint-Lambert, dans la cathédrale, avec la chapelle rurale du même nom, édifiée à la fin du XIXe siècle.
  7. Ici prend fin la première partie, proprement religieuse, de la visite, et avec la visite du tabernacle commence la visite proprement dite.
  8. Il s’agit du chanoine Jacques Barcillon, un Saint-Paulois, archidiacre en 1619, chanoine en 1622 par permutation avec son oncle Baptiste Barcillon, vicaire général de Pierre Du Vair en 1627, puis vicaire général sede vacante, pendant la période où Mgr Godeau ne pouvait exercer les fonctions d’évêque de Vence, enfin vicaire général de Mgr Godeau en 1654, décédé en 1664. L’orthographe usuelle de son nom est respectée mais , mais en signalant qu’il se prononçait Barcilon.