Page:Fabié - La Poésie des bêtes, 1879.djvu/62

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Il t’enveloppe. — Et toi qui caches dans ton sein
Tes petits endormis, et qui, toute pensive,
Rêves qu’ils voleront bientôt, ô pauvre grive !
Vois-tu ces yeux de feu ? Malheur ! c’est l’assassin !

Malheur à toi, bouvreuil, qui sifflas la chouette !
À toi, merle des bois, satirique poète !
À toi, beau loriot, vêtu d’un manteau d’or !
À toi qui, le matin, t’éveillant la première,
Vive alouette, au ciel montes dans la lumière,
Et troubles dans son creux le chat-huant qui dort !

« Ah ! vous êtes joyeux, vous êtes beaux, vous êtes
Amoureux ? Pour vous seuls la nature et ses fêtes ?
Pour vous la forêt verte et le printemps vermeil ?
Dit-il ; pour vous les monts, la vallée et la plaine ?
Vous pouvez dans l’azur monter sans perdre haleine ;
Vous pouvez sans loucher regarder le soleil ?

Eh bien ! je vous envie, et sur vous je me venge,
Moi qui vis dans la nuit, dans l’ordure et la fange,