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RÉCITS DE L’ONCLE PAUL

les pépins de pommes et de poires me le rend bien suspect ; mais je ferai valoir en faveur des granivores, en général, quelques raisons qui me frappent. D’abord, la plupart de ces oiseaux se nourrissent de graines sauvages, pour nous sans valeur aucune, quand elles ne sont pas nuisibles dans les champs. Nous sarclons nos cultures, nous nettoyons la terre des mauvaises herbes qui l’épuisent inutilement. Beaucoup de granivores sarclent à leur manière : ils cueillent les graines qui infesteraient les champs. Par exemple, ne devons-nous pas reconnaître les bons offices du chardonneret, qui, à la maturité des chardons, s’abat sur leurs têtes épineuses et recherche leurs graines au milieu de la bourre ?

Jules. — Le mot chardonneret vient alors de chardon ? Chardonneret.
Chardonneret.

Paul. — Précisément ; l’oiseau porte le nom de la plante dont il recherche les semences. Je ne vous décrirai pas ce gentil petit oiseau, si bien connu de vous tous.

Émile. — Il a du rouge sur la tête ; du jaune, du blanc et du noir aux ailes.

Paul. — Son nid, un des mieux travaillés, est placé dans l’enfourchure de quelque branche flexible. L’extérieur se compose de mousses et de lichens feutrés avec de la bourre de chardons et d’autres plantes dont les graines sont surmontées d’aigrettes soyeuses, comme les seneçons et les pissenlits ; l’intérieur, artistement arrondi, est doublé d’une épaisse couchette de crin, de laine et de plume. Les œufs, au nombre de cinq ou six, sont blancs et tiquetés de brun rougeâtre, principalement au gros bout. Le chardonneret mérite tous nos égards ; il nous égaye de son babil et se livre ardemment au sarclage des terres infestées de chardons et de seneçon.