Page:Fabre - Les Auxiliaires (1890).djvu/218

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214
RÉCITS DE L’ONCLE PAUL

On rencontre communément dans les prairies ou même dans les foins coupés un petit serpent qui par sa structure s’éloigne des couleuvres. On le nomme orvet. La tête est petite et sans étranglement au cou ; d’autre part, la queue est obtuse, de sorte que les deux extrémités du corps ont à peu près même forme et nous laissent un moment indécis pour dire où se trouve la tête. L’orvet est revêtu d’écailles très lisses et luisantes. Le dos est jaune argenté, et parcouru d’un bout à l’autre par trois filets noirs, qui se changent avec l’âge en séries de points et finissent même par disparaître. Le ventre est noirâtre. Quand on le tracasse, l’orvet se contracte avec force, se raidit et devient presque aussi cassant que la queue des lézards.

On a fait à ce petit serpent une bien mauvaise réputation ; on le dit malfaisant par son venin, par son contact, par sonPattes du lézard.
Patte antérieure et patte postérieure du lézard.
regard même. Cette réputation n’est en rien méritée. L’orvet est bien le plus inoffensif des reptiles ; il n’essaye pas même de mordre pour sa défense ; il se contente de se raidir et de prendre la rigidité d’une baguette de bois.

Il vit surtout de scarabées et de vers de terre.

Concluons maintenant. Les vipères à part, aucun de nos serpents n’est venimeux, aucun ne peut nous nuire, aucun ne peut nous mordre d’une façon sérieuse. Les couleuvres ne nous font aucun tort ; au contraire, elles nous rendent service en détruisant une foule d’insectes et de petits rongeurs. Surmontons alors une répugnance, une haine sans motifs, et laissons vivre en paix ces auxiliaires.

Respect également aux lézards, agiles chasseurs d’insectes, et même de petit gibier à poil de l’ordre des rongeurs. Qui ne connaît le petit lézard gris, ami des murailles ensoleillées ? Il guette les mouches en passant de plaisir sa fine langue entre les lèvres, il furette d’un trou à l’autre pour happer tout