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LES
AUXILIAIRES

I

OBJET DE CES RÉCITS

Un soir du mois de mai, l’oncle Paul et ses neveux étaient assis sous le grand sureau du jardin. Louis se trouvait avec eux, Louis, assidu compagnon de Jules et d’Émile depuis l’histoire des Ravageurs. — Or, aux dernières clartés du jour, des vols criards de martinets tourbillonnaient au-dessus du village, tantôt se précipitant vers le clocher pour surveiller leurs nids dans les trous des murailles, tantôt s’élevant à des hauteurs où le regard les perdait. Quelques chauves-souris voletaient, d’un essor irrégulier, autour de la maison, avec un petit cri bref jeté par intervalles. Du sein des gazons en fleur s’élevait le monotone concert des grillons ; dans le carré de laitues résonnait le chant de la courtilière, semblable au bruissement continu d’un rouet ; un crapaud solitaire, établi au frais sous une dalle, donnait de loin en loin sa note flûtée, tandis que les grenouilles remplissaient les fossés des prairies voisines de leurs rauques coassements. D’un saule creux à l’autre, les chouettes alternaient leur douce voix d’appel ; enfin, en des couplets enthousiastes, la fauvette donnait l’adieu du soir à la couveuse sommeillant déjà sur ses œufs.

Paul. — En terminant l’histoire des Ravageurs, je vous ai promis celle des Auxiliaires. Le moment me paraît propice de tenir ma parole. Vous avez maintenant sous les yeux, vous entendez quelques-uns des précieux défenseurs de nos cultures.

J’appelle auxiliaires les animaux qui, vivant en dehors de nos soins, nous viennent en aide par leur guerre aux larves,

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