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RÉCITS DE L’ONCLE PAUL

chasseur de menu gibier, un mangeur de larves et d’insectes, comme le témoignent ses dents finement dentelées. Son corps fluet, capable de se glisser dans le moindre trou ; son long museau, propice à l’exploration du plus étroit recoin, lui permettent de fureter partout où la vermine trouve un asile. Gare au cloporte roulé en boule dans une fissure du mur, à la limace abritée sous la pierre ; la musette saura bien les atteindre, elle si petite, qui trouverait à se loger dans une coquille de noix. Vainement ils se cachent ; la musaraigne n’a pas besoin de les voir pour les découvrir. De son flair subtil elle les devine ; pour peu qu’ils remuent, elle les entend. Les clapiers des scarabées, les garennes des larves,Dents de la musaraigne.
Dents de la musaraigne.
les cachettes du moindre ver, n’ont pas de secrets pour elle. On pourrait l’appeler le furet des insectes.

Les musaraignes fréquentent les prairies, les champs, les jardins ; en hiver, elles se rapprochent des habitations et se réfugient sous les meules de paille ou dans les tas de fumier. Par les grands froids, elles viennent jusque dans les étables, où elles vivent de blattes et de cloportes ; mais pendant la belle saison il leur faut la campagne, tantôt la prairie, où ces minutieux chercheurs de vermine complètent l’œuvre d’extermination de la taupe ; tantôt le jardin, dont elles protègent les espaliers et les carrés de légumes contre la gent dévorante, sans jamais toucher aux fruits, aux racines, aux grains. Leurs dents leur imposent l’abstention absolue de toute substance végétale ; la taupe n’est pas plus franchement vouée à des appétits carnassiers. D’autre part, en leurs chasses si favorables à nos intérêts, les musaraignes ne nous causent aucun préjudice, puisqu’elles ne creusent pas de galeries, mais profitent simplement des fissures naturelles du sol. On ne peut leur reprocher de couper les racines,