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E brandusso lou ventre à creba ti mirau.
L’Ome enterin mando la daio,
Que vai balin-balan de longo e que dardaio
L’uiau de soun acié sus li rous espigau[1].

Plèn d’aigo pèr la péiro e tampouna d’erbiho
Lou confié sus l’anco pendiho.
Se la péiro es au frès dins soun estui de bos
E se de longo es abèurado,
L’Ome barbelo au fiò d’aqueli souleiado
Que fan bouli de fes la mesoulo dis os[2].

Tu, Cigalo, as un biais pèr la set : dins la rusco
Tendro e jutouso d’uno busco,
L’aguio de toun bè cabusso e cavo un pous.
Lou sirò monto pèr la draio.
T’amourres à la fon melicouso que raio,
E dòu sourgènt sucra bèves lou teta-dous[3].

Mai pas toujour en pas, oh ! que nàni : de laire,
Vesin, vesino o barrulaire,
T’an vist cava lou pous. An set ; vènon, doulènt,
Te prène un degout pèr si tasso.
Mesfiso-te, ma bello : aqueli curo-biasso,
Umble d’abord, soun lèu de gusas insoulènt[4].

Quiston un chicouloun de rèn ; pièi de ti resto
Soun plus countènt, ausson la testo
E volon tout. L’auran. Sis arpioun en rastèu

  1. Temps béni pour toi. Donc, hardi, Cigale mignonne, — fais-les bruire, tes petites cymbales, — et trémousse le ventre à crever tes miroirs. — L’homme cependant lance la faux, — qui va continuellement oscillante, fait rayonner — l’éclair de son acier sur les roux épis.
  2. Pleine d’eau pour la pierre et tamponnée d’herbages, — la cuvette pendille sur la hanche. — Si la pierre est au frais dans son étui de bois, — sans cesse abreuvée, — l’homme halette au feu de ces coups de soleil — qui font bouillir parfois la moelle des os.
  3. Toi, cigale, tu as une ressource pour la soif : dans l’écorce — tendre et juteuse d’un rameau, — l’aiguille de ton bec plonge et fore un puits. — Le sirop monte par l’étroite voie. — Tu t’abouches à la fontaine mielleuse qui coule, — et du suintement sucré tu bois l’exquise lampée.
  4. Mais pas toujours en paix, oh ! que non : des larrons, — voisins, voisines ou vagabonds, — t’ont vue creuser le puits. Ils ont soif ; ils viennent, dolents, — te prendre une goutte pour leurs tasses. — Méfie-toi, ma belle : Ces vide-besace, — humides d’abord, sont bientôt des gredins insolents.