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trois kilomètres environ. Le temps est beau, le ciel clair avec un très léger souffle du nord. Je m’assieds à terre, en face du midi, pour que les insectes aient libres la direction de leur nid et la direction opposée. Je les lâche à deux heures un quart. Aussitôt le cornet ouvert, les hyménoptères tournent pour la plupart à diverses reprises autour de moi, puis prennent un vol fougueux dont la direction est celle de Sérignan, autant que je peux en juger. L’observation est difficultueuse, le départ ayant lieu brusquement lorsque l’insecte a fait deux ou trois fois le tour de ma personne, bloc suspect qu’il semble vouloir reconnaître avant de partir. Un quart d’heure après, ma fille aînée, Antonia, qui se tient en observation auprès des nids, voit arriver le premier voyageur. À mon retour, dans la soirée, deux autres rentrent. Total, trois de revenus le jour même sur dix dépaysés.

Le lendemain, je reprends l’expérience. Dix Chalicodomes sont marqués de rouge, ce qui me permettra de les distinguer de ceux qui sont revenus la veille et de ceux qui peuvent revenir encore avec la tache blanche conservée. Mêmes précautions, mêmes rotations, mêmes lieux que la première fois ; seulement je ne fais pas de rotation en chemin, je me borne à celle du départ et à celle de l’arrivée. Les insectes sont lâchés à onze heures quinze minutes. J’ai préféré le matin comme présentant plus d’animation dans les travaux de l’hyménoptère. L’un est revu au nid par Antonia à onze heures vingt minutes. En supposant que ce soit le premier lâché, il lui a suffi de cinq minutes pour faire le trajet. Mais rien ne dit que ce ne soit un autre, et alors il lui a fallu moins. C’est la plus grande vitesse qu’il m’ait été possible de