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Des épreuves de ce genre m’ont fourni quelques autres résultats dignes de mention. Quand il est convaincu, par des explorations difficiles à lasser, que l’araignée n’est plus sur la touffe où il l’avait déposée, le Pompile, disons-nous, la recherche dans le voisinage et la retrouve assez aisément, car j’ai soin de la placer moi-même en lieu découvert. Augmentons un peu la difficulté. Du bout du doigt, je fais une empreinte sur le sol, et au fond de la petite cavité, je dépose l’araignée, que je recouvre d’une mince feuille. Or, il arrive à l’hyménoptère, en quête de son gibier égaré, de traverser cette feuille, d’y passer et d’y repasser sans avoir soupçon que l’araignée est dessous, car il va plus loin continuer ses vaines recherches. Ce n’est donc pas l’odorat qui le guide, mais bien la vue. De ses antennes pourtant il palpe sans cesse le sol. Quel peut être le rôle de ces organes ? Je l’ignore, tout en affirmant que ce ne sont pas des organes olfactifs. L’Ammophile, en quête de son ver gris, m’avait déjà conduit à la même affirmation ; j’obtiens maintenant une démonstration expérimentale qui me semble décisive. J’ajoute que le Pompile a la vue très courte : souvent il passe à une paire de pouces de son araignée sans l’apercevoir.