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toute heure du jour, aussi longtemps que je le désirais. Il m’était loisible d’en suivre les actes dans tous leurs détails et de conduire à bonne fin une épreuve si longue qu’elle fût ; leur nombre d’ailleurs me permettait de renouveler mes essais jusqu’à parfaite conviction. Les Chalicodomes me fourniront donc encore les matériaux de ce chapitre.

Quelques mots sur les travaux avant de commencer. Le Chalicodome des hangars utilise d’abord les vieilles galeries du gâteau de terre, galeries dont il abandonne débonnairement une partie à deux Osmies, ses gratuits locataires : l’Osmie à trois cornes et l’Osmie de Latreille. Ces vieux corridors, qui épargnent le travail, sont recherchés ; mais il n’y en a pas beaucoup de libres, les Osmies plus précoces étant déjà maîtresses de la plupart ; aussi commence bientôt la construction de nouvelles cellules, maçonnées à la surface du gâteau, qui de la sorte augmente chaque année en épaisseur. L’édifice cellulaire n’est pas bâti en une seule fois : le mortier et le miel alternent à diverses reprises. La maçonnerie débute par une sorte de petit nid d’hirondelle, par un demi-godet dont l’enceinte se complète par la paroi lui servant d’appui. Figurons-nous une cupule de gland partagée en deux et soudée à la surface du gâteau ; voilà le récipient assez avancé pour un commencement d’apport de miel.

L’abeille alors laisse le mortier et s’occupe de la récolte. Après quelques voyages d’approvisionnement, le travail de maçonnerie recommence, et de nouvelles assises exhaussent les bords du godet, qui devient apte à recevoir provisions plus abondantes. Puis, nouveau changement de métier ; le maçon se fait récolteur. Un