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s’avisera-t-il de revenir sur un travail beaucoup plus urgent que celui dont il est occupé ? Là vraiment seraient des preuves d’un peu de raison. C’est ce que l’expérimentation décidera.

Voici d’abord quelques faits rentrant dans le premier cas :

Un Chalicodome vient de terminer la première couche du couvercle de la cellule. Il est parti à la recherche d’une autre pelote de mortier pour consolider l’ouvrage. En son absence, je perce l’opercule avec une aiguille et j’y fais large brèche intéressant la moitié de l’ouverture. L’insecte revient et répare parfaitement le dégât. Occupé d’abord du couvercle, il continue son travail en réparant ce couvercle.

Un second en est aux premières assises de sa maçonnerie. La cellule n’est encore qu’un godet de peu de profondeur sans provision aucune. Je perce largement le fond de la tasse et l’insecte s’empresse de boucher le trou. Il bâtissait, et il se détourne un peu pour continuer de bâtir. Sa réparation est une suite du travail qui l’occupait.

Un troisième a déposé l’œuf et fermé la cellule. Tandis qu’il est allé chercher une nouvelle provision de ciment pour mieux murer la porte, je pratique une large brèche immédiatement au-dessous du couvercle, brèche trop haut placée pour que le miel s’écoule. L’insecte, arrivant avec du mortier non destiné à pareil ouvrage, voit son pot égueulé et le remet très bien en état. Voilà une prouesse comme je n’en ai pas vu souvent d’aussi judicieuse. Tout bien considéré cependant, ne prodiguons pas la louange. L’insecte clôturait. À son retour, il voit une fente, pour lui mauvais joint