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« Le 28 juin, ma Tarentule changea de peau, et cette mue qui fut la dernière n’altéra d’une manière sensible ni la couleur de sa robe, ni la grandeur de son corps. Le 14 juillet, je fus obligé de quitter Valence, et je restai absent jusqu’au 23. Durant ce temps, la Tarentule jeûna ; je la trouvai bien portante à mon retour. Le 2 août, je fis encore une absence ci neuf jours, que ma prisonnière supporta sans aliments et sans altération de santé. Le 1er octobre, j’abandonnai encore la Tarentule sans provisions de bouche. Le 21 de ce mois, étant à vingt lieues de Valence, où j’étais destiné à demeurer, j’expédiai un domestique pour me l’apporter. J’eus le regret d’apprendre qu’on ne l’avait pas trouvée dans le bocal, et j’ai ignoré son sort.

« Je terminerai mes observations sur les Tarentules par une courte description d’un combat singulier entre ces animaux. Un jour que j’avais fait une chasse heureuse à ces Lycoses, je choisis deux mâles adultes et bien vigoureux que je mis en présence dans un large bocal, afin de me procurer le plaisir d’un combat à mort. Après avoir fait plusieurs fois le tour du cirque pour chercher à s’évader, ils ne tardèrent pas, comme à un signal donné, à se poster dans une attitude guerrière. Je les vis avec surprise prendre leur distance, se redresser gravement sur leurs pattes de derrière, de manière à se présenter mutuellement le bouclier de leur poitrine. Après s’être observés ainsi face à face pendant deux minutes, après s’être sans doute provoqués par des regards qui échappaient aux miens, je les vis se précipiter en même temps l’un sur l’autre, s’entrelacer de leurs pattes, et chercher dans une lutte