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la barricade obstruant la voie jamais ne disparaisse. Dans une cellule parfois l’œuf ne se développe pas ; et les provisions, non consommées, deviennent, en se desséchant, un tampon compact, visqueux, moisi, à travers lequel les habitants des étages inférieurs ne sauraient se frayer un passage. Parfois encore une larve meurt dans son cocon, et le berceau de la défunte, devenu cercueil, forme un obstacle d’une durée indéfinie. En ces graves occurrence, comment se tirer d’affaire ?

Parmi tous les bouts de ronce que j’ai recueillis, quelques-uns, en très petit nombre, m’ont présenté une particularité remarquable. Outre l’orifice supérieur, ils avaient sur le flanc un et quelquefois deux orifices ronds, comme pratiqués à l’emporte-pièce. En ouvrant ces tiges, vieux nids abandonnés, j’ai reconnu la cause de ces fenêtres, si exceptionnelles. Au-dessus de chacune d’elles était une cellule pleine de miel moisi. L’œuf avait péri et les provisions étaient restées intactes : d’où l’impossibilité de sortir par la voie ordinaire. Ainsi murée chez elle par l’infranchissable tampon, l’Osmie de l’étage inférieur s’était pratiqué une issue à travers la paroi de l’étui, et celles des étages situés plus bas avaient profité de cette ingénieuse innovation. La porte habituelle étant inaccessible, on avait ouvert, à la force des mâchoires, une fenêtre latérale. Les cocons déchirés, mais encore en place dans les appartements inférieurs, ne laissaient aucun doute sur ce mode original de sortie. D’ailleurs, le même fait se répétait, sur divers tronçons de ronce, pour l’Osmie tridentée ; il se répétait aussi pour l’Anthidie à scapulaire. L’observation méritait d’être confirmée expérimentalement.

Je choisis un bout de ronce à mince paroi, autant