Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, deuxième série, 1894.pdf/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans le corps de l’Anthophore ; mais peut-être rongent-elles sa toison, comme les Philoptères rongent les plumes des oiseaux ?

Pour cela, il leur faudrait un appareil buccal d’une certaine vigueur, en particulier des mâchoires cornées et robustes, tandis que ces mâchoires sont si aiguës, qu’un examen microscopique n’a pu me les montrer. Les larves sont, il est vrai, pourvues de fortes mandibules ; mais ces mandibules aiguës, recourbées et excellentes pour tirailler, pour déchirer la nourriture, ne sauraient servir à la broyer, à la ronger. Enfin, une dernière preuve en faveur de l’état passif des larves de Sitaris sur le corps des Anthophores, c’est que ces dernières ne paraissent nullement incommodées de leur présence, puisqu’on ne les voit pas chercher à s’en débarrasser. Des Anthophores exemptes de ces larves, et d’autres en portant cinq ou six sur le corps, ont été mises séparément dans des flacons. Quand le premier trouble résultant de la captivité a été calmé, je n’ai rien pu voir de particulier sur celles qu’occupaient les jeunes Sitaris. Et si toutes ces raisons ne suffisaient pas, j’ajouterais qu’un animalcule qui a pu déjà passer sept mois sans nourriture, et qui dans peu de jours va s’abreuver d’une matière fluide, hautement savoureuse, commettrait une singulière inconséquence en se mettant à ronger le duvet aride d’un hyménoptère. Il me paraît donc indubitable que les jeunes Sitaris ne s’établissent sur le corps de l’Anthophore que pour se faire transporter par elles dans les cellules, dont la construction ne tardera pas à commencer.

Mais jusque-là, il faut que les parasites futurs se maintiennent dans la toison de leur amphitryon, malgré