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actuelle, c’est après ce repas qu’il doit commencer sa longue série de transformations et se nourrir du miel amassé par l’Anthophore. Tel est le motif de l’échec complet, tant de mes tentatives que de celles de Newport, pour élever les jeunes larves de Méloé. Au lieu de leur offrir du miel, ou des larves, ou des nymphes, il fallait les déposer sur les œufs récemment pondus par l’Anthophore.

À mon retour de Carpentras, j’ai voulu faire cette éducation, en même temps que celle des Sitaris, qui m’a si bien réussi ; mais comme je n’avais pas des larves de Méloé à ma disposition, et que je ne pouvais m’en procurer qu’en les recherchant dans la toison des hyménoptères, les œufs d’Anthophore se sont tous trouvés éclos dans les cellules que j’avais rapportées de mon expédition, lorsque j’ai pu enfin en trouver. Cet essai manqué est peu à regretter, car les Méloés et les Sitaris ayant la similitude la plus complète, non seulement dans les mœurs mais encore dans le mode d’évolution, il est hors de doute que j’aurais dû réussir. Je crois même que cette éducation peut se tenter avec des cellules de divers hyménoptères, pourvu que l’œuf et le miel ne diffèrent pas trop de ceux de l’Anthophore. Je ne compterais pas, par exemple, sur un succès avec les cellules de l’Osmia tricornis, cohabitant avec l’Anthophore : son œuf est court et gros ; son miel est jaune, sans odeur, solide, presque pulvérulent et d’une saveur très faible.