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début, a succédé un ver ventripotent, rendu immobile par son obésité. Qui reconnaîtrait dans cet animal lourd, mou, aveugle, laidement ventru, n’ayant pour pattes qu’une sorte de moignons sans usage, l’élégante bestiole de tout à l’heure, cuirassée, svelte et pourvue d’organes d’une haute perfection pour accomplir ses périlleux voyages ?

Enfin, on compte neuf paires de stigmates : une paire sur le mésothorax et les autres sur les huit premiers segments de l’abdomen. La dernière paire, ou celle du huitième segment abdominal est formée de stigmates si petits que, pour les découvrir, il faut être averti par les états suivants de la larve et promener une loupe bien patiente sur l’alignement des autres paires. Ce ne sont là encore que des stigmates vestigiaires. Les autres sont assez grands, à péritrème pâle, circulaire et non saillant.

Si, sous sa première forme, la larve de Sitaris est organisée pour agir, pour se mettre en possession de la cellule convoitée, sous sa seconde forme, elle est uniquement organisée pour digérer les provisions conquises. Donnons un coup d’œil à son organisation interne, et en particulier à son appareil digestif. Chose étrange : cet appareil où doit s’engouffrer la masse du miel amassée par l’Anthophore, est en tout pareil à celui du Sitaris adulte, qui ne prend peut-être jamais de nourriture. C’est, de part et d’autre, le même oesophage très court, le même ventricule chylifique, vide dans l’insecte parfait, distendu dans la larve par une abondante pulpe orangée ; ce sont dans l’un et l’autre les mêmes vaisseaux biliaires au nombre de quatre et accolés au rectum par une de leurs extrémités. Ainsi