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de son ouvrage. Le nid doit être avant tout un habitacle solide, un coffre-fort inviolable ; mais si l’ornementation intervient sans compromettre la résistance, l’ouvrier y restera-t-il indifférent ? Qui pourrait dire non ?

Exposons les faits. L’orifice du sommet, s’il restait simple trou, conviendrait tout autant qu’une porte ouvragée : l’insecte n’y perdrait rien pour les facilités d’entrée et de sortie ; il y gagnerait en abrégeant le travail. C’est au contraire une embouchure d’amphore à courbure élégante, digne du tour d’un potier. Un ciment de choix, un travail soigné, sont nécessaires à la confection de sa mince lame évasée. Pourquoi ces délicatesses si le constructeur n’est préoccupé que de la solidité de son œuvre ?

Autre détail. Parmi les graviers employés au revêtement extérieur de la coupole dominent les grains de quartz. C’est poli, translucide ; cela reluit un peu et flatte le regard. Pourquoi ces petits galets de préférence aux éclats de calcaire lorsque les deux genres de matériaux se trouvent en même abondance aux alentours du nid ?

Trait plus remarquable encore : il est assez fréquent de trouver, incrustées sur le dôme, quelques petites coquilles vides d’escargot, blanchies au soleil. Une de nos hélices de moindre taille, l’Hélice striée, fréquente sur les pentes arides, est l’espèce que choisit habituellement l’Eumène. J’ai vu des nids où cette hélice remplaçait presque en totalité les graviers. On eût dit des coffrets en coquillages, œuvre d’une main patiente.

Un rapprochement se présente ici. Certains oiseaux