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SOUVENIRS
ENTOMOLOGIQUES
(NEUVIÈME SÉRIE)

I

LA LYCOSE DE NARBONNE. — LE TERRIER

Michelet nous raconte comment, apprenti imprimeur au fond d’une cave, il entretenait des rapports amicaux avec une Araignée. À certaine heure, un rayon de soleil filtrait par la lucarne du triste atelier et illuminait la casse du petit assembleur de lettres de plomb. La voisine à huit pattes descendait alors de sa toile et venait, sur le bord de la casse, prendre sa part des joies de la lumière. L’enfant laissait faire ; il accueillait en ami la confiante visiteuse, pour lui douce diversion aux longs ennuis. Lorsque nous manque la société de l’homme, nous nous réfugions dans celle de la bête, sans perdre toujours au change.

Je n’endure pas, Dieu merci, les tristesses d’une cave : ma solitude est riante d’illumination et de verdure ; j’assiste, quand bon me semble, à la fête des champs, à la fanfare des merles, à la symphonie des grillons ; et cependant, avec plus de dévotion encore que n’y en mettait le jeune typographe, je fais com-