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L’ARAIGNÉE LABYRINTHE

de canicule, c’est vraie demeure de sybarite, comme l’homme insensé en a parfois entrepris sous les flots, à grand renfort de blocs de marbre et de pierre de taille. Les plafonds sous-marins de Tibère ne sont plus qu’un odieux souvenir ; la délicate coupole de l’Argyronète prospère toujours.

Si je disposais de documents venus de l’observation personnelle, j’aimerais à parler de ces industrieuses, je voudrais pouvoir ajouter à leur histoire quelques traits inédits. Je dois y renoncer. L’Argyronète ne se trouve pas dans ma région. La Mygale, versée dans l’art des portes à charnière, s’y trouve, mais très rare. Je l’ai vue une seule fois, au bord d’un sentier longeant un taillis. L’occasion, on le sait, est fugace. L’observateur, plus que tout autre, est obligé de la saisir aux cheveux. Préoccupé d’autres recherches, je ne fis que donner un coup d’œil au magnifique sujet offert par la bonne fortune. L’occasion s’envola et n’a plus reparu.

Dédommageons-nous alors avec des trivialités, de rencontre fréquente, condition favorable aux études suivies. Le commun n’est pas l’indifférent. Accordons-lui attention soutenue, et nous lui découvrirons des mérites que notre ignorance nous empochait de voir. Sollicitée patiemment, la moindre créature ajoute sa note aux harmonies de la vie.

Dans les champs des alentours, parcourus aujourd’hui d’un pas fatigué, mais toujours exploré d’un regard vigilant, je ne rencontre rien d’aussi commun que l’Araignée labyrinthe (Agelena labyrinthica, Clerck.). Il n’est pas de haie qui, à sa base, parmi les herbages, dans les recoins tranquilles et bien ensoleillés, n’en abrite quelques-unes. En rase campagne, et surtout dans les lieux