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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

sable, si utiles à la tension de la pochette initiale, et l’Araignée se borne à plaquer sur sa demeure tout objet un peu lourd, principalement des cadavres d’insectes, parce que, sans recherches, elle les a sous les pattes après chaque réfection. Ce sont là des moellons et non des trophées ; ils tiennent lieu des matériaux qu’il faudrait cueillir à distance et hisser là-haut. Ainsi s’obtient un blindage qui fortifie la demeure et la stabilise. En outre, un surcroît d’équilibre résulte souvent de menus coquillages et autres objets longuement appendus.

Qu’adviendrait-il si l’on dépouillait de son revêtement une vieille case, depuis longtemps parachevée ? En ce désastre, l’Araignée reviendrait-elle aux-stalactites de sable, moyen rapide de stabilisation ? C’est bientôt reconnu. Dans mes bourgades sous cloche, je fais choix d’une cabine de belle dimension. J’en dénude l’extérieur ; j’en enlève soigneusement tout corps étranger. La soie y reparaît dans son originale blancheur. La demeure est magnifique, mais elle me semble trop flasque.

C’est aussi l’avis de l’Araignée, qui se met à l’ouvrage la nuit suivante pour remettre les choses en bon état. Et comment ? Encore avec des chapelets de sable appendus. En quelques nuits, la sacoche de soie se hérisse d’une épaisse et longue barbe de stalactites, ouvrage singulier, excellent pour maintenir le tissu dans une invariable courbure. De même les câbles d’un pont suspendu sont stabilisés par le poids du tablier.

Plus tard, à mesure que l’Araignée s’alimente, les reliefs des victuailles sont incrustés, le sable ébranlé tombe petit à petit, et le logis reprend son aspect de charnier. Nous voici revenus à la même conclusion : la Clotho connaît sa statique ; par des poids additionnels,