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L’ARAIGNÉE CLOTHO

miettes du contenu de son jabot. À tel soupçon, la Clotho se charge de répondre.

Comme la Lycose, elle habite avec sa famille, mais elle en est séparée par les cloisons des cellules où sont hermétiquement enclos les petits. En cetl état, nulle possibililé de transmission d’aliments solides. Si l’on songeait à des humeurs nutritives qui, expectorées par la mère, s’infiltreraient à travers les cloisons où les reclus viendraient boire, l’Araignée labyrinthe nous dissuaderait de cette idée. Quelques semaines après l’éclosion des jeunes, elle périt, et les petits, toujours renfermés dans leur chambre de satin pendant la moitié de l’année, n’en sont pas moins agiles.

Se sustenteraient-ils des soieries enveloppantes ? mangeraient-ils leur maison ? L’hypothèse n’est pas absurde, car nous avons vu les Épeires, avant d’entreprendre une nouvelle toile, déglutir les ruines de l’ancienne. L’explication n’est pas admissible, nous affirme la Lycose, dont la famille est dépourvue de tout rideau soyeux. Bref, il est certain que les jeunes, tant des unes que des autres, ne prennent absolument aucune nourriture.

Enfin on se demande s’ils n’auraient pas en eux-mêmes des réserves venues de l’œuf, matières grasses ou autres dont la combustion graduelle se traduirait en travail mécanique. Si la dépense d’énergie était de faible durée, de quelques heures, de quelques jours, volontiers on s’arrêterait à cette idée d’un viatique moteur, attribut de toute créature venant au monde. Le poussin le possède à un haut degré ; il se tient stable sur ses pattes, il se meut quelque temps avec le secours seul de l’aliment que lui a fourni l’œuf ; mais bientôt, si la