Page:Fabre - Souvenirs entomologiques edition7 Serie 9.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
237
LE SCORPION LANGUEDOCIEN

bourgade, composée d’une vingtaine d’habitants, tous choisis d’âge adulte. Les cases, convenablement distantes l’une de l’autre pour éviter les rixes à prévoir entre voisins, sont rangées en file sur un terrain expurgé au râteau. D’un coup d’oeil, même de nuit à la clarté d’une lanterne, il me sera facile de suivre les événements. Quant à la nourriture, je n’ai pas à m’en préoccuper. Mes hôtes trouveront d’eux-mêmes leurs vivres, le terrain étant giboyeux tout autant que celui d’où ils viennent.

La colonie de l’enclos ne suffit pas. Certaines observations réclament une minutieuse assiduité, non compatible avec les troubles du dehors. Une seconde ménagerie est montée, et cette fois sur la grande table de mon cabinet, table autour de laquelle, poursuivant l’idée rétive, j’ai déjà tant fait et continue à faire tant de kilomètres. En avant les grandes terrines, mon babituel outillage. Pleines de terre sablonneuse passée au tamis, elles reçoivent chacune deux débris de pots à fleurs, deux larges tessons qui, à demi ensevelis, font voûte et représentent les refuges sous les pierres. Le dôme d’une cloche en treillis surmonte l’établissement.

Là sont logés les Scorpions, deux par deux et de sexe différent, autant qu’il m’est permis d’en juger. Aucun caractère extérieur, que je sache, ne distingue le mâle de la femelle. Je prends pour femelles les sujets puissants de ventre, et pour mâles les moins obèses. L’âge intervenant avec des variations d’embonpoint, des erreurs sont inévitables, à moins d’ouvrir au préalable la panse de l’expérimenté, ce qui couperait court à tout essai d’éducation. Laissons-nous guider par la taille, puisque nous n’avons pas d’autre moyen, et associons les Scorpions deux par deux, l’un corpulent et rembruni, l’autre