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LE SCORPION LANGUEDOCIEN

Un proche allié du Cerf-Volant, le Dorcus parallelipipedus, dont, la larve m’est fournie par la vieille souche d’un tamarix, ajoute son témoignage aux précédents ; l’insecte adulte périt, la larve résiste. Ces exemples suffisent, il devient inutile de continuer dans cette voie.

Vers de Cétoine, d’Orycle, de Capricorne, de Hanneton, de Dorcus, sont des bêtes à lard, vouées au régime végétarien. Ces pansues devraient-elles leur immunité à la nature des vivres ? D’autre part, la nappe graisseuse où s’accumulent les réserves de ces insatiables mangeurs, neutraliserait-elle les virulences de la piqûre ? Adressons-nous à de maigres carnivores.

Je fais choix du plus fort de nos Carabiques, le Procustes coriaceus, sombre vénateur que je rencontre au pied des murs, éventrant un Escargot. Audacieux forban et fait pour la bataille, il se soude les élytres en une cuirasse inviolable. Je lui rogne un peu cette armure en arrière, afin de rendre accessible au dard du Scorpion la seule partie pénétrable, la face supérieure du ventre.

Ici se répète la misérable fin du Carabe doré. La lutte contre les atrocités de la piqûre donnerait l’épouvante si les choses se passaient dans un monde d’ordre plus élevé. Ainsi se débat le chien torturé par la saucisse municipale assaisonnée de strychnine. D’abord l’insecte blessé désespérément fuit. Soudain il s’arrête, se guinde hautement sur les pattes raidies ; il soulève l’arrière, il abaisse la tête et prend appui sur les mandibules comme pour une culbute. Une secousse le terrasse. Il tombe ; vite il se relève et reprend la pose guindée. À le voir, on dirait qu’une charpente en fils de fer lui régit les articulations. C’est un automate que poussent les brusqueries d’un ressort. Autre secousse, autre chute, autre