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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

la chair de la larve de celle de l’adulle ; il est bénin pour la première, il est mortel pour la seconde.

Ce curieux résullat éveille une question non étrangère aux superbes théories des virus atténués, des sérums, des vaccins. Une larve à métamorphose complète est piquée par le Scorpion ; volontiers on dirait qu’elle est vaccinée, en ce sens qu’un virus lui est inoculé, fatal dans les conditions de l’avenir, mais d’effet lolérable en l’état actuel. L’opérée ne semble pas affectée de la piqûre ; elle se remet à manger et continue comme à l’ordinaire son travail de ver.

Ce virus cependant ne peut manquer d’agir, de telle façon ou de telle autre, sur le sang, sur les nerfs de la bête. Ne pourrait-il enrayer la vulnérabilité, conséquence de la transformation ? À la faveur d’une accoutumance préparée dès l’âge larvaire, l’adulte serait-il immunisé ? se trouverait-il réfraclaire au ve’nin, comme Mithridate l’était au poison ? Bref, l’insecte à métamorphose complète dont la larve a été piquée est-il capable de résister lui-même à la piqûre ? Telle est la question.

Les motifs d’affirmer sont si pressants qu’on est tout d’abord tenté de répondre : oui, l’adulte résistera. Mais laissons la parole à la seule expérimentation. Dans ce but, des préparatifs sont faits qui me valent quatre séries de sujets. La première se compose de douze larves de Cétoine qui, piquées en octobre, ont été revaccinées, c’est-à-dire piquées une seconde fois en mai. La deuxième série est également de douze larves de Cétoine, mais celles-ci à piqûre unique et faite en mai. Quatre chrysalides du Sphinx de l’euphorbe forment la troisième. Elles proviennent de chenilles piquées une