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LA LYCOSE DE NARBONNE

Sur la fin de l’été, toutes les domiciliées, vieilles ou jeunes, soit en captivité sur le bord de fenêtre, soit en liberté dans les allées de l’enclos, me donnent chaque jour l’édifiant spectacle que voici. Le matin, dès que le soleil se fait chaud et donne sur leur terrier, les recluses remontent du fond avec leur sac et viennent stationner à l’orifice. Toute la belle saison, de longues siestes au soleil sur le seuil du manoir sont d’usage courant, mais à cette heure la pose n’est plus la même.

Auparavant, la Lycose venait au soleil pour elle-même. Accoudée sur le parapet, elle avait en dehors du puits la moitié antérieure du corps, et en dedans la moitié postérieure. Les yeux se rassasiaient de lumière, la panse restait dans l’obscur. Chargée du sac aux œufs, l’Araignée renverse la pose : l’avant est dans le puits, et l’arrière au dehors. Avec les pattes postérieures, elle tient soulevée au-dessus de l’embouchure la blanche pilule gonfle de germes ; doucement elle la tourne, la retourne, pour en présenter toutes les faces à la vivifiante illumination. Et cela dure la moitié de la journée, tant que la température est élevée ; et cela recommence avec une exquise patience durant trois à quatre semaines. Pour les faire éclore, l’oiseau couvre ses œufs de l’édredon de sa poitrine ; il les presse sur le calorifère de son cœur. La Lycose fait tourner les siens devant le foyer souverain ; elle leur donne pour incubateur le soleil.

Dans les premiers jours de septembre, les jeunes, éclos depuis quelque temps, sont mûrs pour la sortie. La pilule se fend d’une déchirure sous le repli qui cerne l’équateur. Le volume précédent nous a instruits de l’origine de ce repli. Est-ce la mère qui, sentant la nitée